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Picto ExpositionPicto Accès libre

Exposition présentée dans le cadre du Mois de la Photo porté par la Maison de l’Image de Grenoble sur le thème Photographie de l’intime, archives collectives. Du samedi 19 novembre au dimanche 11 décembre 2022 à l’Ancien musée de Peinture de Grenoble, à partir du 4 novembre dans certains lieux partenaires.

Vernissage Jeudi 17 novembre à 18h30. Entrée libre

 

Le monde nʼest jamais prêt à la naissance de lʼenfant.

Pourvu que lʼaccouchement soit léger
Et que lʼenfant grandisse en bonne santé. Pourvu quʼil soit heureux parfois
Et traverse les abîmes.
Que son cœur ne manque pas de persévérance, Que sa raison soit toujours en éveil, et voit loin.
Wislawa Szymborska

La série photographique que je propose à lʼoccasion du Mois de la photo, a été réalisée dans lʼintimité de mon quotidien. Entamée à la naissance de mes deux fils, Abel et Michka, elle leur est consacrée et a pris toute sa place à partir de 2011 sous le titre : Mes fantômes.

Le fond est composé de photographies argentiques, de dessins, de collages et de textes. Le contenu forme une trame narrative basée sur le motif familial et la vie de tous les jours.
Ces instantanés pris dans le cercle très privé, souvent sur le mode de la plaisanterie, décrivent lʼénergie des corps, les folies de lʼenfance.

A lʼécart des règles et contraintes de notre société qui étouffe de normalité, mes photographies évoluent dans le cocon familial et célèbrent toute lʼétendue de lʼexpérience du quotidien. Dans un élan de spontanéité, je révèle des scènes de lʼenfance, les rituels et les respirations des êtres chers, la vie qui fuit inexorablement. Au fil des images, je construis notre histoire. Si celle-ci, aussi banale soit-elle nʼest pas finie, une période va se fermer pour venir recouvrir dʼautres souvenirs. Sans savoir ce quʼil arrivera, ni ce quʼil adviendra, je regarde Abel et Michka grandir. Je provoque la pose, jʼaccentue la surprise, je vois la beauté et le côté sombre des choses. Sous mes yeux se dessinent des instants de grâce, fugaces. Jʼentrevoie des corps et des ombres, des apparitions fulgurantes et des disparitions. Comme dans une machine à remonter le temps, jʼinterprète les masques et les frayeurs de la nuit, le rêve dʼaventures, un monde dʼéclats, des histoires sans queue ni tête.

Lʼévènement des anniversaires ponctuent les saisons. De nombreuses séries expriment la tranquillité et lʼapaisement, elles se déroulent sur les bords de plage, sur un vaste horizon de sable, de rochers et de mer. Toutes les promenades conservent une atmosphère envoûtante, les éléments qui structurent lʼespace forment les perspectives dʼun imaginaire régénéré. Les élections présidentielles occupent une attention particulière, quelques cadrages serrés dans la pleine lumière, font lʼactualité.

Ainsi, ces différentes périodes qui rythment et traduisent avec émotions les étapes de lʼenfance, renferment nos souvenirs, la mémoire des corps, des images du passé.

Images anodines, haïkus photographiques, viennent ici dévoiler lʼintimité du cercle familial et ressusciter un monde qui ne reviendra pas. Myriam Richard

 

Vouloir fixer des moments de lʼenfance et de lʼadolescence, entre fiction et réalité, nous ouvre à des espaces artistiques créatifs mêlant lʼautofiction et lʼuniversalité des émotions. Susan Sontag dans son livre “Sur la photographie“ soulignait que « ne pas prendre les photos de ses enfants, surtout quand ils sont petits, est un signe dʼindifférence de la part des parents .
La lucidité du point de vue nous emmène avec justesse dans la complexité et la joie du passage de lʼenfance à lʼâge adulte.

Extrait du texte de Vannina Micheli-Rechtman, psychiatre et docteur en philosophie à lʼoccasion de lʼexposition Mes fantômes à la Galerie Sit Down, Paris, mai 2015.

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