L’avare d’après Molière

Compagnie Tàbola Rassa

Au voleur ! Au voleur ! À l’assassin ! Au plombier ! On m’a coupé le tuyau ! On m’a dérobé mon eau !

Une adaptation du grand classique où l’or est remplacé par l’eau et où les personnages sont “incarnés” par des robinets ? Oui, c’est bien là le parti pris de ce spectacle surprenant. Imaginez donc une bonne douzaine d’ustensiles de plomberie qui prennent vie pour vous livrer une version loufoque et pourtant fidèle de l’Avare. Imaginez Harpagon, en vieux robinet de cuivre, accumulant patiemment les gouttes du précieux liquide alors que son fils Cléante, chromé mais « à sec », cherche à étancher sa soif d’amour. Imaginez La Flèche, l’insolent serviteur, soupçonné, à raison, de vouloir siphonner la citerne de son incorrigible maître… De jeux de mots en facéties, vous aurez alors une idée des surprises que vous réserve cette comédie insolite sur fond de pénurie de ressources naturelles.

Un jeu très sérieux sur le thème de l’eau

Les personnages de cette comédie ne convoitent par l’argent mais l’eau, ils ne sont pas fauchés mais à sec. C’est pour quoi tous les objets utilisés ont quelque chose à voir avec le précieux liquide : des tubes en PVC, des bouteilles, des robinets de tous acabits… Grâce à cette transposition nous nous situons constamment dur le plan allégorique tout en justifiant l’usage de cette famille d’objets. C’est tout ce qui a trit à l’eau qui acquiert alors une autre signification et donne lieu à toutes sortes de jeux de mots et facéties.
Mais le spectacle pose aussi une question d’une extrême gravité ainsi que d’una actualité préoccupante : l’eau peut-elle devenir un bien privé, au même titre que l’or ou le pétrole ? L’eau douce ne représente que 3% des eaux du globe. L’arrosage intensif, les engrais, les déchets industriels et chimiques rendent l’eau non polluée de plus en plus rare : des 3% d’eau douce seul 1/3 est propre à la consommation. Enfin, la déforestation massive et systématique, le réchauffement climatique, entraînent une perturbation du cycle de l’eau et multiplient les phénomènes extrêmes : sécheresse, inondations, tempêtes, ce qui ne facilite ni le contrôle ni la répartition de celle-ci.
C’est pourquoi, en ce début de XXIe siècle, l’eau est devenue une ressource rare et convoitée. Elle est à l’origine de nombreux conflits géopolitiques ou sociaux, aussi bien en Afrique qu’au centre de l’Europe, mais aussi en Espagne, au Brésil, en Chine, entre la Palestine et Israël, entre l’Inde et le Pakistan…

Poursuivez la réflexion avec la conférence de l’UICG par Laurent Charlet, géochimiste, mardi 4 février à 19h à l’Espace Paul Jargot. Entrée libre dans la limite des places disponibles. Programme complet des conférences UICG