Quitter son caillou

Par Victoria Follonier et Elie Blanchard, sur une musique d’Erwan Raguenes

Dans le cadre du temps fort Transborder, du Festival Le Tympan dans l’oeil et du Festival des Solidarités animé par le collectif ASI Grésivaudan.

– Elie ?
– Oui?
– Souvent je repense à ce qui m’a poussée à partir de chez moi… Camila me demande parfois du haut de ses 6 ans : “maman, pourquoi tu es partie d’Argentine ?” Et la plupart du temps je ne trouve pas de mots pour lui répondre.
– Ça a dû être dur de partir si loin de chez toi, non ?
– Oui, je suis partie avec une valise, j’ai quitté ma famille, mes amis… En même temps, c’était excitant ! Toute mon énergie était concentrée dans ce mouvement, dans ce que j’allais découvrir…
– Eh oui, on a toujours envie d’aller voir derrière la ligne d’horizon. C’est comme ça que les humains sont allés partout sur la terre. Il y en a même qui rêvent de quitter notre caillou pour aller dans l’espace.

Une écrivaine-anthropologue, un danseur-chorégraphe, une chanteuse lyrique, une agricultrice et un astronaute racontent leur enfance et les événements qui ont marqué leur vie, mais aussi les obstacles qu’ils ont dû franchir pour suivre leurs rêves. Petite enfance, départ du quartier, découverte d’un nouveau pays, et aussi envie de partir dans l’espace ou d’approcher l’âme des animaux, autant de récits touchants et intimes, racontés à hauteur d’enfant, qui déroulent le parcours de leur existence.

Avec un dispositif scénique original et des procédés numériques innovants, Quitter son caillou est un film fabriqué en direct, à la croisée du documentaire, du cinéma d’animation et des nouvelles technologies. La rencontre des paroles, des images et des sons fabriqués sur scène est la forme choisie par Victoria et Elie pour évoquer des expériences de départ, d’arrivée, de réinventions d’identité ou de voyages intérieurs. Les fragments sont uniques à chaque représentation, à l’image de la mémoire des personnages, toujours un peu la même et différente à la fois. Le public est invité à découvrir la construction d’un film en direct, la fabrication de l’animation à l’aide de dessins et d’une caméra, l’intégration d’effets visuels qui s’additionnent à l’image en mouvement, l’augmentent; mais aussi le déclenchement d’un son, l’interprétation d’une musique et l’activation d’une parole.
Un véritable petit laboratoire se met en route sous les yeux des spectateurs, pour un saut dans l’imaginaire, poétique et expérimental, qui ouvre à l’autre et à la différence !